Les négociations entre les conservateurs et les sociaux-démocrates, indique notre correspondant à Berlin,Pascal Thibaut, ont été laborieuses puisqu’elles ont pratiquement duré 24 heures au siège du SPD. A l’arrivée, il y a eu accord entre un groupe restreint de six personnes.
Ce vendredi 12 janvier au matin, les 39 personnes qui participent au total à ces négociations, ou plutôt à ces pré-négociations il faut le rappeler, sont encore en train d’avaliser cet accord. Il y a quelques éléments qui sont déjà disponibles. Sur la question migratoire : limiter le nombre de nouveaux arrivants à 180 000 et 200 000 personnes par an ; limiter également le regroupement familial à 1 000 personnes par mois, ce qui est assez restrictif pour la politique européenne ; renforcer la zone euro en transformant le mécanisme de soutien en un Fonds monétaire européen et renforcer cette zone avec la France sans qu’on ait plus de détails.
Les instances dirigeantes des partis doivent maintenant discuter dans la journée de cet accord. Ce qui manque visiblement, c’est un grand projet social, permettant d'amadouer la base du Parti social-démocrate - très remontée contre une nouvelle coalition - et qui tient un congrès le 21 janvier. Par exemple, il n’y a pas de projet d'unification du système de deux classes qui existe ici pour la sécurité sociale, ce qui était un point important avancé par le SPD. Lors du congrès, les sociaux-démocrates devront donc avaliser, ou non, le début des négociations. Plusieurs fédérations régionales puissantes, notamment celle de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, l'Etat fédéré le plus peuplé du pays, penchent cependant en faveur d'un refus d'une alliance.
Certains médias ont déjà qualifié leur possible alliance de « coalition des perdants » car chacun a été sanctionné par les électeurs lors du scrutin législatif, marquée par la percée de l'extrême droite. Les deux camps ne représentent qu'une courte majorité des suffrages, Angela Merkel ayant remporté une victoire à la Pyrrhus avec un score historiquement bas. Une majorité d'Allemands (56%) pense même que la chancelière quittera ses fonctions avant la fin de son éventuelle prochaine mandature, selon un sondage publié le 11 janvier par le quotidien Handelsblatt.