On marque l’An 5 du mandat du président Macky Sall. Quel bilan tirez-vous ?
Un bilan positif, un bilan satisfaisant. Maintenant naturellement, on ne dira pas que tout est parfait. Ça serait démagogique de notre part. Hors, nous ne sommes pas dans une politique démagogique, mais dans une politique responsable. Il y’a des choses à améliorer, des choses à corriger et puis se faisant, je crois que le pays va être sur de très bons Rails. Dire que c’est parfait, ça serait très démagogique. Maintenant, ce qu’il y’a lieu de faire, c’est de redoubler d’effort, d’identifier là où ça ne marche pas bien, là où il y’a des résultats moins probants, d’essayer tout simplement de corriger. Vous savez, ce n’est pas du jour au lendemain qu’on fait des résultats et je crois qu’en 5 ans quand même, il y’a eu beaucoup de résultats. Aussi, j’ose affirmer que si le président obtient un 2ème mandat (et je reste persuadé qu’il aura ce 2ème mandat-là, parce que je ne vois pas d’opposition crédible en face et son bilan fera seul sa campagne électorale), il réalisera dans ce pays des choses incommensurables. Donc, tout le travail que les leaders auront à faire, sera de l’accompagnement, de la consolidation, parce qu’encore une fois le bilan du Président plaide en faveur de sa réélection en 2019.
Donc, Manko Wattu Sénégal n’est pas une opposition ?
Je ne vois pas d’opposants, je vois plutôt beaucoup de mécontentements et puis beaucoup de tentatives de règlements de compte, de tentatives de chantage, mais que voulez-vous… Lorsqu’on dirige un Etat comme le Sénégal où la démocratie n’est pas mis à rude épreuve, les gens ont le droit de s’exprimer, de critiquer, de faire des reproches etc. mais nous aurions bien aimé avoir une opposition qui fait des propositions. Une opposition qui critique oui, mais qui fait des propositions allant dans le sens de renforcer la démocratie, allant dans le sens de consolider le développement pour que très vite, nous atteignions l’émergence. Maintenant s’il s’agit tout simplement de critiquer, aller vers des invectives, je crois que les Sénégalais sont assez mûrs pour faire la part des choses. On ne peut pas être dans un gouvernement, chantez les louanges de ce gouvernement, y insister avec des précisions d’une rare pertinence, assurez à tout un chacun que tout est parfait ; maintenant du jour au lendemain, parce que vous n’y êtes plus, tout devient mauvais. C’est absurde ! Et tant que nous sommes dans ce type de démarche à la limite même nihiliste, ça sera difficile de consolider quelque chose ici au Sénégal. Non, je ne veux pas d’opposition nihiliste… Maintenant, il faudra redoubler d’effort pour travailler à satisfaire la demande sociale et puis consolider les acquis.
En tant que femme leader de la région, est-ce que vous êtes satisfaite des actions du gouvernement en Casamance ?
Très satisfaite ! Tellement satisfaite que ces actions que le gouvernement a mené en Casamance, je les mets globalement dans les actions menées au niveau national. Je suis certes satisfaite, mais en tant que Casamançaise, en tant que Sénégalaise, je voudrais naturellement que nous puissions tendre vers la perfection. Elle n’est certes pas de ce monde mais vouloir tendre vers la perfection montre le degré d’engagement et la volonté de bien faire. Je pense que, en tant qu’un Etat, un gouvernement, un chef de l’Etat s’engage à offrir le meilleur à sa population, est un gage que nous sommes sur la bonne voie et que tout le monde doit s’inscrire sur cette voie-là.
Comment portez-vous votre mission à la tête de l’ANRAC ?
Avec beaucoup d’honneur, beaucoup de fierté, beaucoup de satisfaction et avec beaucoup d’humilité. Parce qu’ils sont nombreux les Sénégalais qui auraient pu être portés à la tête de cette agence nationale qui a pour zone d’intervention, la Casamance. Il y’a énormément de cadres qui auraient pu diriger cet agence-là. Maintenant si le chef de l’Etat vous fait un grand honneur, un grand privilège surtout une marque de confiance énormissime de porter son choix sur votre modeste personne, vous devez rendre grâce à Allah et le remercier de tout cœur. Maintenant, l’agence nationale, comme vous le savez chargée de la relance des activités socio-économiques en Casamance, ce n’est pas une chose facile, ce n’est pas une chose aisé…Pour travailler dans une zone comme j’ai l’habitude de le dire, il faut aller au-delà de la reconstruction. Il faut tout simplement construire parce qu’après 33ans de conflit, qui a occasionné la fuite de certains bailleurs, la perte de confiance, la déstructuration des infrastructures socio-économiques de base, il fait difficile de reconstruire. Parce que presque tout est à reconstruire. Maintenant, nous sommes dans ce travail là et nous venons de boucler un audit organisationnel et social. Parce que pour aller d’un point A à un autre C, il faut voir par quel chemin y aller. Au-delà, nous allons aussi signer une convention avec l’école d’économie appliquée, à la clé, nous devons avoir trois ou quatre livrables. Alors, le premier livrable sera naturellement un plan stratégique de développement. L’agence n’en avait jamais disposé. Un plan stratégique de développement 2018 – 2021 à soumettre aux bailleurs. Actuellement l’agence, c’est zéro bailleur à part l’Etat. Les bailleurs sont tous partis. Ensuite, le deuxième livrable sera un document cadre pour le développement de la Casamance à court, moyen et long terme. Document qui sera arrimé au PSE. Un troisième livrable qui sera un portefeuille de projet et partant de là, naturellement, nous allons chercher des bailleurs, des financements, des ressources additionnelles, substantielles pour pouvoir répondre aux énormes besoins des populations. Le défi est énorme, le challenge est grand, mais nous ne baissons pas les bras. Nous savons pertinemment qu’en changeant la tutelle technique de l’ANRAC, de la Primature à la Présidence, c’est que le président à l’intention de renforcer les moyens de l’agence, d’accorder des ressources substantielles à l’ANRAC pour qu’elle puisse repartir sur de nouvelles bases. Parce qu’il y’a de nouvelles orientations, de fortes orientations pour que nous puissions vraiment aller de l’avant et puis répondre aux besoins des populations qui constituent en réalité la raison de la création de cet agence.
Votre parti, l’Apr traverse une crise à Ziguinchor. La preuve, des violences avaient été notées lors d’une réunion convoquée par Benoit Sambou. Qu’en est-t-il réellement ?
Ecoutez, ce n’est pas que l’APR qui traverse des difficultés. Moi, je préfère dire « difficultés » parce que ce n’est vraiment pas une crise. Alors, toutes les formations politiques à un moment donné de leur vie, connaissent des soubresauts, et certaines formations mêmes durant toutes leurs histoires. Ce n’est vraiment pas une crise, mais des difficultés qui ont vraiment fait perdre à l’APR ici à Ziguinchor toutes les élections à part la présidentielle d’abord, et ensuite le référendum. Alors, le référendum, naturellement, c’est une élection au-delà de nos modestes personnes. C’était une élection pour le peuple, pour la nation, pour la constitution et donc, c’est l’image du président. Donc, nous avons naturellement gagné ce référendum avec le Oui. Mais, nous avons perdu les locales qui étaient beaucoup plus importantes à cause des clivages politiques, des divisions internes.
Pourquoi vous (APR) avez du mal à parler le même langage ?
Choc des ambitions, la maladresse dans la gestion, l’incompréhension, la mauvaise gestion du parti. Parce qu’on pense avoir droit de vie et de mort sur les autres et qu’on pense qu’une seule personne peut conduire les destinés du parti, on se trompe. Moi, je crois qu’il faut un bon management du parti, beaucoup d’ouverture, beaucoup de compréhension et beaucoup de droiture et de justesse dans les différents choix qui se font. Il faut que nous apprenions à travailler en équipe en toute collégialité et puis à taire nos petites ambitions personnelles à faire un focus gros sur l’essentiel, et il me semble que l’essentiel, c’est deux choses : C’est d’abord gagner ces législatives et offrir au chef de l’Etat dans le cadre de la coalition Benno Bok Yakaar une majorité confortable à l’assemblée nationale. Parce que tout simplement, il a fait des résultats qui devraient plaider en sa faveur pour obtenir cette majorité confortable à l’assemblée nationale. Ne pas obtenir cette majorité confortable à l’assemblée, c’est très risqué, même pas pour le parti, mais pour le pays parce que je ne pense pas que le Sénégal a atteint cette maturité politique pour gérer une cohabitation à l’assemblée nationale. Au-delà maintenant de ces législatives qui, à mon avis, constituent une phase test pour la présidentielle, l’autre défi, l’autre objectif, c’est la réélection du président en 2019. Alors, si nous parvenons à comprendre ces enjeux-là, si chacun accepte de prendre sur soi, si chacun accepte de faire preuve de dépassement, d’évaluer sa capacité, ses limites, d’accepter de travailler en équipe, d’aller vers un candidat ou deux candidats consensuels, je reste persuadé que l’APR va remporter les législatives à Ziguinchor. L’APR, bien entendu avec ses alliés de Benno Bok Yakaar. Mais il faudrait-il qu’il y ait en amont des concertations. Il faut trouver un candidat consensuel qui soit à même de séduire l’électorat, qui ne traîne pas de casserole, qui draine des foules afin que nous puissions offrir au président Macky Sall la majorité qu’il faut de sorte qu’il puisse gouverner ce pays en toute sérénité, en toute tranquillité et d’aller au bout de ses projets, un Plan Sénégal Emergent. C’est fondamental ! Maintenant, qu’on ne nous impose pas de candidat parce qu’au finish, c’est la base qui décide…
A vous entendre parler, on a l’impression qu’il y’a un cancer qui ronge votre parti. C’est qui ?
Rire….Moi, je me garderai de faire des attaques personnelles. Je crois que s’il y’a un cancer dans un parti, il faut tout simplement procéder à son ablation. Je reste persuadé que le parti peut être sauvé. D’ailleurs, il n’est même pas en danger parce que le cancer, il est localisé. Donc, il faut juste faire une ablation et que les gens avancent. Je ne me mettrais pas à désigner telle ou telle autre personne parce que je n’aime pas les attaques personnelles. Je mène un combat de principe, mais pas un combat de personne. Les personnes m’importent peu. Il ne faut pas que les gens travaillent en vain. Je sais qu’ils sont nombreux les responsables ici à Ziguinchor, à la base qui travaillent énormément et je sais que les populations adhèrent à la politique du chef de l’Etat. Maintenant ce qu’il faudrait éviter, c’est le choix d’un mauvais candidat qui risque de nous faire perdre les élections à Ziguinchor. Ça serait très regrettable pour nous, ça serait également la honte pour nous.
Comment est-ce que vous avez accueilli cette levée des mesures de contrôle judiciaires qui pèse sur Abdoulaye Baldé
C’est une très bonne chose ! Je suis toute contente, toute heureuse pour plusieurs raisons. Abdoulaye Baldé, c’est le maire de Ziguinchor, mais avant cela, Abdoulaye Baldé, c’est un ami. Il était dans le parti démocratique Sénégalais avec mon père qui est membre fondateur de ce pds. Quand, il faisait sa rentrée politique, il est venu le voir pour qu’il puisse l’aider, l’appuyer. C’est un ami et j’ai été naturellement peinée de le voir dans des déboires judiciaires. C’est une très bonne chose parce que, en levant ces mesures, Abdoulaye Baldé va être libre de ses choix et de ses engagements. La levée de ces mesures me rejoint dans mon combat d’abord. J’ai toujours été incomprise parce que je ne comprends pas qu’au moment où je me battais pour qu’Abdoulaye Baldé vienne rejoindre la mouvance présidentielle, d’autres camarades de l’APR organisaient la dissidence, alors qu’il est encore fort à Ziguinchor. Qu’il vienne et que d’autres leaders disparaissent ne devrait pas être notre priorité quand on pense qu’on a été nommé par le président et qu’on doit fidélité et loyauté au président. S’il vient dans la mouvance Benno Bok Yakaar, mais c’est le président qui sera renforcer. Je me suis toujours battu pour le faire venir. On ne peut pas tendre une main droite, et se mettre à taillader avec la main gauche. Vous voyez, on m’a toujours accusé de soutenir un opposant, de travailler pour Abdoulaye Baldé. Je ne peux pas soutenir un opposant.
Par Idrissa Benjamin SANE
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