Le Chef de l’Etat, ayant une prérogative institutionnelle, a pris la décision de libérer Karim Wade pour des raisons humanitaires. Nous avons entendu et lu des déclarations diverses, installant la polémique dans la classe politique sénégalaise.
La déclaration qui a attiré mon attention, est celle qui disait que dans la décision du Chef de l’Etat, l’émotion a primé sur la raison et l’éthique.
Je ne peux m’empêcher de réagir face à une telle déclaration propice pour semer la confusion dans l’esprit des citoyens.
Avant de me lancer dans une réflexion philosophique, bien sûr sous le contrôle des philosophes, je voudrais d’abord apporter ma réplique d’homme politique.
Je voudrais demander au nom de quoi et au nom de quel ordre on pourrait interdire au Chef de l’Etat, Président de la République d’exprimer son esprit patriotique et prendre n’importe quelle décision pour conforter la concorde nationale et la paix.
En mon humble avis, quelque soit la décision prise par le Chef de l’Etat, nous lui devons confiance et respect républicain, et rendre grâce à Dieu qu’il soit dans une posture d’expression du pardon en prenant une telle décision.
Mon objectif n’est point de commenter une décision de justice ou de chercher à interpréter les convictions personnelles du Chef de l’Etat.
Maintenant du point de vue de la démarche conceptuelle, je ne pense pas qu’il soit possible de dissocier l’émotion et l’éthique.
L’éthique, en tant qu’ensemble de règles et de valeurs morales, tire tout son sens dans l’émotion correspondant au chemin emprunter par le cœur.
En outre, il est très dangereux de vouloir tout interpréter avec la raison qui se nourrit de preuves dans une logique souvent rigide.
Nous sommes sur le champ politique, tous les arguments comptent, s’ils sont capables de nous éclairer sur des décisions collectives que nous devons prendre.
Dans cette affaire, Je me réjouis de la volonté du chef de l’Etat dans un contexte de dialogue national ou l’ensemble des segments de pays se sont retrouvés pour discuter de la vie de la nation, sur des questions d’intérêt national. Cette attitude responsable du Président de la République est salutaire car ne fera qu’apaiser les esprits et instaurer davantage la paix dans le pays.
Cette grâce n’est absolument pas un renoncement aux options prises par le Président Macky Sall devant les sénégalais. La position de chef de l’Etat par rapport à la reddition des comptes reste inchangée car c’est une demande sociale.
Cette mesure n’est pas la porte ouverte à l’impunité. Avec les instruments de contrôle comme l’OFNAC, la CREI, LA COURS DES COMPTES etc., l’engagement du chef de l’Etat pour la traque des biens mal acquis va demeurer pour une gouvernance vertueuse et sobre.
Je rêve toujours que dans ce pays que soit produit un élan de citoyenneté qui renforcera le Chef de l’Etat dans ses prérogatives pour une démocratie consolidée et apaisée.
SALIHOU KEITA
Coordonnateur de l’APR à Dakar Plateau
Membre du Directoire National
Secrétaire Général de l’ANPEJ