Egypte: face à la guérilla islamique, la difficile mue de l'armée égyptienne

Dimanche 26 Novembre 2017


La stratégie militaire égyptienne a beaucoup évolué au cours des quatre années de conflit avec les groupuscules extrémistes musulmans du Nord-Sinaï. L'armée a progressivement tiré des leçons de ses erreurs de départ. Après le carnage sanglant de vendredi, il y a urgence à s'adapter aux conflits asymétriques.


Peu habituée à la guérilla, l'armée égyptienne a dû changer de doctrine pour s'adapter à une guerre asymétrique contre un ennemi léger et très mobile, explique notre correspondant au CaireAlexandre Buccianti. Aujourd'hui les forces égyptiennes sont composées d'unités combinées qui peuvent à tout moment obtenir le soutien d'hélicoptères Apache et de chasseurs-bombardiers F-16 Fighting Falcon. Cela a permis d'infliger des pertes conséquentes au jihadistes mais généralement durant leur fuite après une opération.

Le principal problème auquel fait face l'armée est la nature très accidentée du terrain qui offre d'innombrables cachettes que connaissent parfaitement les jihadistes généralement originaires de la région. Autre problème, l'armement sophistiqué venu de Libye dont disposent les terroristes, comme des missiles antichars et antiaériens. Une dernière difficulté et non des moindres : le renseignement. Une tâche rendue difficile par la prédominance tribale chez les habitants du Sinaï.

L'appel des tribus

A la suite de l’attaque sanglante qui a visé la mosquée al-Rawda, l'Union des tribus du Sinaï cependant appelé les bédouins à prendre les armes et à collaborer avec l’armée pour faire face à l’Etat Islamique, indique notre autre correspondant au Caire,François Hume-Ferkatadji.

 
 

« Il faut défendre la sécurité des habitants de notre région, c’est notre responsabilité de se venger des agresseurs » peut-on lire sur le communiqué de l’Union des tribus du Sinaï. Une Union dont on ne connaît pas la réelle influence, et qui est surtout orchestrée par les Tarabin, une grande tribu depuis longtemps proche de l’armée dans son combat contre les éléments extrémistes. La question est désormais de savoir si les tribus, au nombre de vingt-cinq dans le Sinaï, vont effectivement s’allier et accepter de coopérer entre elles.

Selon le communiqué, plusieurs chefs de tribu se seraient mis d’accord. Ils demandent que les bédouins puissent s’occuper personnellement de la traque des jihadistes, et les juger par leur propre moyen, sans forcément rendre de compte aux forces de sécurité. L’armée acceptera-t-elle de laisser le champs libre aux tribus bédouines dont certains membres sont armés ? C’est peu probable.

Connaissance du terrain

Les relations entre l’armée et les bédouins sont très tendues et sont marquées par un manque de confiance et une très grande défiance. Les bédouins anti-Etat islamique se considèrent pourtant comme les seuls capable de venir à bout de l’insurrection grâce à leur connaissance du terrain. Lors de l’attaque de vendredi, ce sont majoritairement des Sawarka qui ont été pris pour cible. Une tribu divisée entre les pro-Etat Islamique et ceux qui refusent le mode d’action et l’idéologie du groupe terroriste.

 
 

Le Redacteur