Elections Catalanes: En vainqueur, Puigdemont propose de rencontrer Rajoy

Vendredi 22 Décembre 2017


À plus d'un millier de kilomètres de Barcelone, Carles Puigedemont est réapparu en vainqueur à Bruxelles où il est exilé. « Le temps est venu d'engager le dialogue et de réparer les dégâts causés » par la mise sous tutelle de la Généralité de Catalogne, a lancé l'ex-président de cette dernière. Ce résultat, personne « ne peut le discuter », a-t-il déclaré, avant de demander d'être entendu par l'Union Européenne ce vendredi, au lendemain des élections régionales qui l'ont remis en selle.


Il est vain ce vendredi matin d’attendre une réaction quelconque de la part de dirigeants des institutions de l’Union européenne, et ce malgré la demande de Carles Puigdemont d'être reçu par l'UE, ce vendredi 22 décembre. Tout au plus, les groupes politiques au Parlement européen rediront-t-ils leurs différentes positions déjà bien connues, mais ni Jean-Claude Juncker, ni Donald Tusk, ni Antonio Tajani, ne s’exprimeront officiellement, et cela pour trois raisons.

D’abord parce que le contexte juridique ne leur permet pas. L’Union européenne est un regroupement d’États, pas de régions, ni de municipalités, et les seuls interlocuteurs de la Commission européenne, du Conseil de l’UE et du Parlement européen sont les gouvernements régulièrement constitués de chacun des pays membres.

L'Europe craint un risque d'émiettement

 

Ensuite parce que le risque d’une interprétation abusive est bien réel. Les mouvements politiques eurosceptiques, voire franchement europhobes, sont constamment à l’affût de toute déclaration de source officielle européenne un peu maladroite et on ne peut se permettre ici par exemple de rajouter de la complexité à la négociation du Brexit alors que l’Écosse et le Pays de Galles se dressent de façon croissante contre le gouvernement de Theresa May.

Enfin parce que chacun sait qu’à titre personnel, les dirigeants des institutions européennes sont profondément opposés à ce qu’ils perçoivent comme un risque d’émiettement de l’UE. Ainsi Jean-Claude Juncker disait il y a peu qu’une Europe à 28 était déjà bien difficile à piloter et qu’une Europe composée de 97 régions serait absolument ingérable.

Ce vendredi, l'ancien président de la Généralité de Catalogne a proposé au Premier ministre, Mariano Rajoy, de le rencontrer hors d'Espagne, « pour des raisons évidentes », a-t-il dit lors d'une conférence de presse à Bruxelles ce vendredi, faisant référence à son inculpation pour secession.

Inculpé, Puigdemont peut encore être arrêté

La Belgique est en première ligne dans cette crise espagnole, puisque c'est à Bruxelles que Carles Puigdemont  s'est réfugié après le referendum d'octobre. Il reste dans cette situation ambiguë où son exil auto-imposé l’a placé. Le mandat d’arrêt européen lancé contre lui par l’autorité judiciaire espagnole a certes été annulé, mais il demeure inculpé, il serait donc arrêté et placé en détention dès son retour en Espagne s’il lui prenait la fantaisie d’en prendre le chemin.


Le Redacteur