L’écrivain franco-sénégalais David Diop remporte le Prix Goncourt des lycéens

Dimanche 18 Novembre 2018


Il était en lice pour tous les grands prix littéraires en France. Aujourd’hui, il a finalement décroché le prix de la jeunesse et le plus prescripteur en langue française, le prix Goncourt des lycéens. Le jury, réuni à Rennes, a félicité « Frère d’âme » de David Diop pour « sa vision terrible de la Grande Guerre, entre Afrique et Europe, sagesse et folie ».


C’est l’histoire de deux jeunes hommes, Alfa Ndiaye et Mademba Diop, deux tirailleurs sénégalais, lors de la Grande Guerre, la grande boucherie entre 1914 et 1918. Deux parmi les 200 000 combattants africains envoyés au nom de la France au front de la Première Guerre mondiale où environ 30 000 tirailleurs sénégalais ont laissé leur vie dans les tranchées.

Né à Paris, aujourd’hui âgé de 52 ans, David Diop a passé son enfance au Sénégal. Adepte d’Apollinaire et actuellement maître de conférences en littérature du XVIIIe siècle, à l’université de Pau, il a essayé de transposer dans Frère d’âme la sonorité et le rythmé de la langue wolof, parlée par les protagonistes du livre, au français.

Donner une existence aux destins et aux douleurs des tirailleurs sénégalais

Raconté d’une manière très directe et parfois même dans un style naïf, David Diop a cherché à donner une existence aux destins et aux douleurs de ces jeunes longtemps oubliés dans les manuels d’histoire.

L’idée de ce roman incisif et décapant lui est venue quand il avait lu des lettres très émouvantes de poilus ayant couché sur papier leurs derniers moments avant de mourir dans la folie de la guerre. Il s’est mis alors à la recherche de lettres des tirailleurs sénégalais avant de se rendre compte qu’il n’y en avait pas. Venant d’un continent où la tradition orale prime sur l’écriture, ils n’ont pas laissé des traces dans les livres. D’où aussi l’urgence ressentie par l’écrivain de reconstruire cette histoire. Une urgence omniprésente et palpable dans Frère d’âme.


Le Redacteur