Législatives : Baldé installe la peur dans le camp de Bby à Ziguinchor

Vendredi 14 Juillet 2017

Pour une fois de plus, Ziguinchor sera l’une des attractions, à l’occasion de ces élections législatives. Et pour cause, la mouvance présidentielle, réunie dans la coalition BBY y est en danger face à la coalition ‘’ Convergence Patriotique Kandu Anskan Wi’’, dirigée par Abdoulaye Baldé, le patron de l’Ucs qui refuse d’abdiquer. Le maire de Ziguinchor y fait même mieux que de se défendre, en atteste les défaites, infligées à la coalition présidentielle depuis l’arrivée de Macky Sall au pouvoir. On se souvient qu’il s’était même permis de surclasser le parti de Macky Sall et ses alliés dans l’ensemble de la circonscription électorale de Ziguinchor, lors des locales. Certes, ses adversaires ont pu faire triompher le ‘’Oui’’, à l’occasion du référendum, mais tous les observateurs savent que cela a été surtout rendu possible parce que le président de l’Ucs ne s’était pas intéressé à fond à cette échéance. En atteste sa participation très tiède à cette campagne où il n’avait fait qu’une seule vraie apparition à Ziguinchor et c’était pour accueillir et accompagner Idrissa Seck. Donc une nouvelle déconvenue des collaborateurs de Macky Sall, dans la soirée du 30 juillet face aux candidats locaux de la coalition Convergence Patriotique Kandu Anskan Wi ne serait pas une surprise, loin s’en faut.

En fait ces derniers temps, la formation du maire de Ziguinchor, n’a cessé de monter en puissance aussi bien dans les quartiers de Ziguinchor que dans le département où de nombreux militants qui avaient quitté les rangs de son parti pour émigrer à l’Apr sont en train de revenir au bercail. Mieux, l’Ucs enregistre, sans arrêt, l’adhésion de nouveaux cadres qui ne s’intéressaient jusque-là pas à la chose politique, dans toute la Casamance. A chacun de ses séjours à Ziguinchor, il reçoit de militants qui marquent leur retour au sein de son parti ou de nouveaux adhérents qui ont décidé de cheminer avec lui. Ce fut le cas la semaine dernière avec l’arrivée de nombreux cadres dont Oumar Badiane, l’ancien directeur du centre culturel de Ziguinchor dont le meeting de rentrée politique qui s’est déroulé au village de Hathioum, dans les Kalounayes, a connu une forte affluence. Et depuis le début de la campagne, c’est eux qui drainent plus de monde, leurs réunions publiques d’informations (RPI) se transforment toujours en meetings. Pendant ce temps, les responsables locaux de l’Apr, se cherchent toujours, mieux ils manifestent un manque d’intérêt à ces législatives, c’est du moins ce qui apparait depuis le début de cette campagne. Ils déclarent avoir, certes, créé l’unité de l’ensemble des responsables qui étaient à couteaux tirés, ce qui est perçu comme une certaine assurance, mais, beaucoup d’observateurs doutent de la sincérité de ‘’cette unité retrouvée’’. Cette unité ressemble fort, aux yeux de ces observateurs, comme une pause stratégique des belligérants, pour éviter d’être pris comme responsable en cas de défaite.

Et une telle situation crée un effet de panique chez certains responsables de l’Apr même s’ils n’en donnent pas l’air, à leur tête le président Macky Sall qui est conscient que la bataille de Ziguinchor s’annonce, périlleuse pour sa coalition. C’est certain que ce n’est pas la sérénité aussi bien chez Macky Sall que chez certains de ses responsables de Ziguinchor.

Et le président Macky Sall n’est pas exempt de tous reproches par rapport à la position fragile de son parti dans le sud. Il a même une grande part de responsabilité est-on tenté de dire. En effet, il ne cesse d’y accumuler des erreurs politiques aussi fatales les unes que les autres. D’abord, par des décisions mal inspirées, il ne cesse d’y fragiliser les responsables locaux de son parti, depuis le lendemain de leur cuisante défaite face à Abdoulaye Baldé aux locales de 2014. Cela avait commencé par le limogeage du ministre Benoit Sambou, l’âme du parti à Ziguinchor. Après il a récidivé en ignorant le mouvement ‘’And Falaat Macky Sall’’ de Doudou Ka, lors de la nomination des membres du HCCT dans son quota. Un mouvement dont la particularité est de regrouper près d’une cinquantaine de maires à l’échelle de la Casamance et qui, parfois, sont même issus de partis de l’opposition. Chose inédite et grave, la région ne compte aucun ministre dans le gouvernement depuis 2014 à cause de la défaite face à Abdoulaye Baldé aux locales à Ziguinchor. Et ce ne sont pas des cadres ministrables qui manquent au sein de l’Apr. En dehors de Benoit Sambou qui a occupé successivement deux portefeuilles dans les premiers gouvernements de l’ère Macky Sall, emporté par cette défaite, citée plus haut, il y a Doudou Ka qui a fait ses preuves au Fongip ou encore le Professeur Kourfia Diawara de l’Université de Ziguinchor sans compter les cadres des partis alliés. Et cela est perçu par les populations comme un manque de considération notoire à l’égard de la région qui a toujours compté d’éminentes personnalités comme Emile Badiane, Assane Seck, Robert Sagna, Abdoulaye Baldé,… dans les régimes précédents. Certes, un ministre, c’est avant tout un haut commis de l’Etat sur qui le président de la république s’appuie pour mettre en œuvre des politiques publiques d’un des secteurs du développement du pays, mais sur le plan politique, ce dernier joue un rôle social important en faveur des populations de son terroir. C’est lui qui aide des pères de famille à payer les ordonnances, les factures d’électricité, l’inscription des enfants à l’école, sans compter l’évacuation des malades ou ses contributions lors des cérémonies traditionnelles comme l’initiation au bois sacré. C’est pour cette raison que chaque contrée du pays veut avoir un représentant dans l’attelage gouvernemental.

Sur un autre plan, il y a la gestion mal faite du compagnonnage avec Robert Sagna, l’autre poids lourd de l’échiquier politique à Ziguinchor sans lequel l’Apr ne peut rien y gagner. Robert Sagna et ses partisans ont toujours été ignorés par le locataire du palais quand il s’agit de distribuer des dividendes. Certes, il a, récemment, nommé quelques-uns de ses collaborateurs comme le vieux routier Kéba Lamine Sonko, chargés de mission à la primature, mais cela ressemble fort bien à de petits bonbons, octroyés pour maintenir le leader du RSD/TDS et ses troupes au sein de la coalition BBY en vue de ces législatives.

Récemment encore, il a eu la maladresse de proférer des menaces à l’égard des responsables locaux de de son parti qui, selon lui, seront tous sanctionnés en cas de défaite à Ziguinchor comme s’il y avait un pacte signé entre l’Apr et les populations de Ziguinchor pour que ces dernières plébiscitent ce parti. Cela heurte la conscience des populations y compris celles qui sont favorables à l’Apr.
Cette menace laisse sous-entendre aussi que ces responsables ont été nommés aux postes qu’ils occupent pour gagner des élections et non pour servir le pays. Où est donc passé le slogan ‘’la patrie avant le parti est-on tenté de se demander’’ ?

Et comme si cela ne suffisait pas, il n’a coopté aucun responsable de Ziguinchor sur la liste nationale en vue de ces élections, malgré les multitudes de candidatures qui ont atterri sur son bureau. Ce qui veut dire que les apéristes de Ziguinchor s’investiront pour élire des candidats d’autres localités du pays sur la liste nationale. Dans ces conditions, comment veut-il que ces derniers mouillent leurs maillots ? Au contraire à force de les harceler quand il s’agit de se battre pour la victoire et de les oublier à l’heure du partage du gâteau, ils finiront par se rebeller comme l’a fait récemment la lionne Amy Tamba qui a appelé à voter contre la liste de BBY à Ziguinchor avant de se rétracter suite à une rencontre qu’elle a eue avec le patron de l’Apr au palais. L’on peut même se demander si ce n’est pas cela qui explique la tiédeur avec laquelle les lieutenants du président mènent cette campagne à Ziguinchor où jusque-là, on ne sent pas trop d’engouement au sein de BBY. Un responsable de l’Apr qui s’est confié à nous révèle que les gens sont démotivés parce qu’il n’y a pas de moyens permettant de se déployer véritablement sur le terrain. Il confie que Ziguinchor n’a reçu que 6 millions de francs pour battre campagne et les commune rurales, chacune, 3 millions. Ce responsable renseigne que les responsables locaux qui devaient apporter des contributions personnelles tardent à réagir, seul le patron du FONGIP aurait mis la main à la poche. Et ce ne sont pas les 10 millions de francs, attendus pour préparer la venue du premier ministre qui vient le lundi qui pourront combler le déficit de moyens, fulmine t-il, indiquant que tout se passe comme si c’est eux qui étaient à l’opposition et non le camp de Abdoulaye Baldé.

Notre interlocuteur déplore également le fonctionnement de la communication qui est, selon lui, est moribonde depuis le début de la campagne. ‘’Il y a un véritable dysfonctionnement de l’aspect communicationnel, il n’y a aucun support pour faire la promotion de nos candidats et vulgariser nos slogans de campagne, si vous faites le tour de la ville, vous ne verrez aucune affiche de BBY. Même pour avoir le programme des activités, c’est la croix et la bannière. La déclaration faite le jour du lancement de la campagne est tout sauf une déclaration, on y trouve rien qui puisse susciter une quelconque attraction’’, se désole t-il, soulignant que l’absence de leur camarade, Malick Sonko, l’un des meilleurs communicateurs en politique du pays, se fait, de plus en plus, sentir.
Il explique ce manque d’engouement des leaders de son parti, aussi, par le fait que la plupart d’entre eux n’ont pas été associés, lors du choix des candidats et ils s’en offusquent.


Source: infos15


Le Redacteur