Lutte contre les criquets pèlerins : Ces révélations explosives de Xavier Diatta, expert en aviation agricole (Apandage)

Mercredi 14 Septembre 2016



L’alerte a été lancée par le secrétariat permanent du G5 Sahel aux criquets pèlerins dans la zone Sahélo-Sahélienne. Déjà pour la lutte, le Sénégal aurait dégagé un important budget de 5 milliards pour faire face. Dans cet entretien exclusif accordé à flashinfos.net, c’est Xavier Diatta, expert en aviation agricole (Apandage) qui attire l’attention par rapport à cette menace. M. Diatta n’a pas manqué de faire des révélations explosive dans flashinfos.net sur la gestion faite de manière désordonnée de cette lutte contre l'invasion et les conséquences néfastes.


Le secrétariat permanent du G5 Sahel, vient de lancer une alerte aux criquets pèlerins pour la zone sahélo- sahélienne. Il semble que le Sénégal ait dégagé une enveloppe de 5 Milliards pour parer au plus pressé. Quelle lecture faites-vous de la mesure préventive du gouvernement ?
 
Il faut préciser que les zones concernées pour le moment (semble-t-il) sont la Région de Bahr-El Ghazal à l’Ouest du Tchad, une partie du Niger et un peu le Nord Mauritanie.
Le phénomène des invasions acridiennes est souvent décrit comme étant  « la malédiction des bonnes pluies ». Les criquets pèlerins proviennent généralement de zones d’Afrique du Nord ou du Moyen Orient, dans les zones dites de rémission car généralement très peu cultivées et où la pluviométrie moyenne ne dépasse pas les 200 mm par an. Une pluviométrie au-delà de ces minimas crée des conditions favorables pour la reproduction d’où les pontes massives suivies d’éclosions tout autant massives…….
La situation géopolitique actuelle du Sahara entrave toute prospection. Mission, qui était dévolue aux équipes de veille du CLCPRO (Comité de lutte contre le Criquet pèlerin). Conséquence, aucune prévision n’est exacte et la situation peut en effet faire basculer une campagne agricole nationale en un temps extrêmement court, tout comme le phénomène peut disparaitre subitement. Mais si l’information est vérifiée, les vents favorables  pourraient amener des essaims vers le Sénégal qui dès la fin du voyage commenceraient à pondre. Un scenario à redouter.
Maintenant pour répondre à votre question, je dirais que je suis surpris que les autorités en charge du volet puissent dire que le Sénégal est prêt à faire face à une éventuelle invasion acridienne.
 
Pourquoi ?
 
A ma connaissance, il n’y a au Sénégal, aucune infrastructure apte à engager une lutte responsable, une lutte aérienne normée car il n’y a que celle-là qui est à même de protéger nos cultures dans le respect des normes sanitaires et environnementales. Et si je me réfère à l’intervention du Directeur de la DPV, le Sénégal compterait exclusivement sur la solidarité sous régionale. C’est donc dire que nous allons retomber dans les travers de 2004 (une utilisation abusive et non contrôlée de produits chimiques, une exposition des populations animales et végétales, un empoisonnement des espaces éco systémiques et biotopes le tout drivés par des lobbys marchands). Surtout qu’une enveloppe de 5 Milliards est annoncée.
 
-Vous remettez en cause l’expertise de la DPV ?
 
-Je m’explique : La DPV est l’une des organisations pionnières sous régionales en matière de protection des végétaux. Elle a en son sein les meilleurs experts en la matière. Le Mali, le Niger, le Burkina auxquels le Directeur fait référence sont venus chercher le modèle de fonctionnement au Sénégal. Mais aujourd’hui c’est ce  Sénégal qui va les supplier de l’insérer dans leurs calendriers de lutte sinon il faudra requérir l’expertise outre –atlantique, comme l’avait fait Wade en 2004.
 
Mais il n’y a pas longtemps, le Ministre de l’Agriculture disait que le Sénégal dispose d’avions agricoles, pourquoi alors requérir une expertise étrangère ?
 
- Il est vrai qu’en théorie, le Sénégal avait des avions. Il ne les a plus ! Ils sont en phase de rebut simplement parce qu’inexploités. Leur remise en ligne de vol ne serait pas judicieux car trop onéreux. Mais à voir !!!!
 
-Expliquez-nous !
 
La FAO avait doté à tous les pays subsahariens d’avions neufs pour prendre en charge la protection des cultures (lutte contre les acridiens, lutte contre les oiseaux granivores etc…)
Le Sénégal  avait reçu le sien directement d’usine des USA. Il avait été financé par l’Arabie Saoudite. La coopération brésilienne avait offert un second avion agricole au Sénégal. Qu’en avons-nous fait ? Rien et aujourd’hui après 12 ans d’entreposage au fond d’un hangar, ces avions ne sont bons que pour la casse car complètement obsolètes. Et pourtant Ils étaient les seuls à pouvoir faire des applications chimiques suivant les normes de sécurité et de sureté.
 
Alors que faudrait-il faire pour protéger la campagne en cours ?
 
Rien !!! Plutôt prier dans nos mosquées, dans nos églises, dans nos synagogues ou nos pangols. Ce serait plus responsable.  On utiliserait ce fonds de 5 Milliards pour dédommager les éventuelles victimes.
Aucune des précédentes campagnes n’a fait l’objet d’aucune évaluation à la fin des traitements, par les autorités sanitaires, environnementales ou économiques.
L’on peut aujourd’hui légitimement se demander s’il n’y aurait pas une corrélation entre ces grandes luttes chimiques entreprises de manière désordonnée par le Sénégal et la montée en flèche des maladies cardiovasculaires, des accidents vasculaires cérébraux, des épidémies de HTA et de diabète.
 
C’est grave Mr DIATTA, ce que vous dites ?
 
Ça le sera encore plus si on entreprenait cette lutte dans la configuration actuelle.
 
Pourquoi en parlez –vous aujourd’hui. Je veux dire vous auriez pu attirer l’attention de l’Etat ?
 
Je crois plutôt que l’on pourrait me reprocher d’enquiquiner les officiels avec cette histoire.
 
 
Entretien - Flashinfos.net
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Le Redacteur