MAMADOU GAIDE BADIANE DU GRAND PARTI : « Macky Sall a installé dans ce pays un régime clientélisme, népotisme et clanisme »

Vendredi 6 Mai 2016


Interpellé sur le terrorisme, son bilan du référendum, le blocus gambien et l’affaire Karim Wade, Mamadou BADIANE, communément appelé Gaindé Badiane, croit dur comme fer que le chef de l’État Macky Sall ne mènera nulle part le Sénégal. Dans un entretien qu’il nous a exclusivement réservé, ce responsable du Grand Parti dans le département de Pikine précise que le président Sall a mis en place une mauvaise stratégie économique qui a fini de plonger le Sénégal dans la pauvreté. En effet, concernant le référendum, l’ancien adjoint au Maire de djiddah thiaroye kao, aussi ex-Directeur du Stade municipal Alassane DJIGO, déclare que le régime en place n’a rien gagné car, d’après lui, 45% des citoyens ont repoussé les réformes engagées.


Après le référendum du 20 mars 2016, quel est votre bilan de la politique du pouvoir central ?
 
Référendum ou pas, le bilan du régime du président Macky SALL est très mitigé. Je pense que l’espoir et l’enthousiasme qui avaient animé le peuple Sénégalais en 2012 se sont estompés du fait d’une mauvaise stratégie économique qui a fini de plonger l’écrasante majorité des Sénégalais dans la pauvreté. Le Sénégal est aujourd’hui dans le lot des 25 pays les plus pauvres du monde. Macky Sall a installé dans ce pays un régime CNC (clientélisme, népotisme et clanisme) et qu’en termes d’émergence, seuls les membres de son cercle émergent et le peuple Sénégalais immerge.
 
Les Sénégalais doivent-ils espérer grand-chose des réformes qui leur étaient proposées en référendum ?
 
Pas du tout qu’est-ce que les Sénégalais peuvent-ils espérer par exemple du haut conseil des collectivités territoriales qui n’est rien d’autre qu’une institution de recasement des transhumants et militants frustrés à des fins purement électoralistes. Les priorités sont ailleurs en ce qui concerne notre politique de décentralisation. Le budget qui sera alloué au haut conseil pouvait servir à régler les problèmes de dysfonctionnement des mairies notamment le redéploiement du personnel des collectivités locales et leur prise en charge. Le Président Macky Sall est passé à côté de l’essentiel. Le Grand Parti et toute la classe politique l’attendaient sur des réformes plus conséquentes allant dans le sens de la réduction du trop-plein de pouvoir entre ses mains pour plus de pertinence et d’efficacité dans l’exercice du pouvoir.
 
Le Président Macky Sall, très engagé dans des réformes foncières, est attendu dans la mise en œuvre des recommandations issues du dernier forum national de l’administration. Au même moment, une nébuleuse affaire de charcutage du titre foncier 1107 est survenu à Niakhirate (Bambilor) suivie des tensions à Ouakam entre Mbakiyou Faye et les dignitaires lébous. Quel est votre point de vue là-dessus?
 
En faisant le lien entre ces nébuleuses et le forum national de l’administration, vous aurez compris que la responsabilité des services publics est engagée dans toutes ces affaires. Les domaines, la DESCOS, la SN-HLM et l’Etat au plus haut niveau sont impliqués dans cette spoliation de terres à leurs ayants droits. D’où l’urgence de mettre en œuvre les recommandations issues du forum national à savoir l’adoption du Schéma directeur de modernisation de l’Administration publique (Sdmap), la mise en place du Code de déontologie générale des agents publics et d’un nouveau droit de la fonction publique et enfin d’engager un audit général des procédures.
 
Qu’est –ce qu’il faut faire pour arrondir les angles ?
 
Justement il ne s’agit pas d’arrondir des angles mais plutôt de situer des responsabilités et de sanctionner. L’impunité a assez duré dans les arcanes du pouvoir, l’Etat doit prendre ses responsabilités, apporter les correctifs qu’il faut avec rigueur et détermination.
 
En gagnant le référendum, le pouvoir central n’a-t-il pas réduit l’opposition à sa juste valeur ?
 
Le pouvoir central n’a rien gagné. Il s’agissait juste, avec ce référendum, d’une consultation citoyenne. Au final 45% des citoyens ont repoussé les réformes engagées par le régime en place. Ceci est une débâcle pour le président Macky Sall car il a fallu frauder, acheter les consciences, mobiliser les moyens de l’Etat et paralyser l’économie nationale le temps d’une campagne pour en arriver à ce résultat. Le Grand Parti, sur le plan national, a déjà vendu presque 300 000 cartes de membres pour un parti qui vient de naitre. Nous sommes bien là et les jours du régime en place, dans ce pays, sont comptés.
 
Cela n’a t-il pas redorer le blason du chef de l’Etat ?
 
Il faut un blason doré avant de prétendre le redorer. C’est à la faveur d’un contexte politique particulier que Macky Sall est venu au pouvoir. La mauvaise politique économique qui s’en est suivie, faisant du Sénégal le prolongement de l’espace économique européen au détriment des acteurs nationaux, a fini au contraire de ternir son image.
 
En perspective de la prochaine  présidentielle, quel type d’opposition pour freiner la machine Sall en 2019?
 
Une opposition déterminée et qui, au sortir des échéances passées,  a su tirer les enseignements qu’il fallait pour faire face, mais aussi une opposition unie car consciente des enjeux du moment. Sachant qu’avec les orientations économiques de Macky Sall le Sénégal va droit au mur et qu’il va falloir taire les intérêts partisans pour sauver notre pays.
 
La Gambie est-elle un danger pour le Sénégal dans sa lutte contre le terrorisme?

Je ne le pense pas. Nous partageons avec la Gambie le même bassin social. Le peuple Gambien est conscient que les mêmes problèmes au Sénégal produiront les mêmes effets chez eux. Il faut à notre avis que nos deux chefs d’Etats soient plus responsables. Aujourd’hui ce conflit montre à suffisance que l’intégration Africaine est une chimère. Si la Gambie et le Sénégal ne peuvent pas s’entendre sur l’essentiel je ne vois pas comment le Burundi et le Sénégal vont s’entendre.

Et toujours pour ce blocus Gambien, vous leaders du Grand Parti, vous proposez quoi comme solution ? Faut-il négocier avec le Président Jammeh ?

Le Grand Parti propose la paix comme unique solution. Il faut naturellement négocier avec le Président Jammeh et avec comme seule bandoulière l’intérêt exclusif du peuple Sénégambien. 
 
Par Flashinfos.net
 

Le Redacteur