Mame Fatou Faty, Journaliste : « Les postes de décision dans les médias restent majoritairement occupés par des hommes ! »

Lundi 10 Mars 2025


Elle est la voix affirmée d’une femme Journaliste engagée, Mame Fatou Faty, journaliste et présentatrice à Africable TV, s’impose depuis une décennie dans le paysage médiatique sénégalais. Passionnée par l’information et la justice sociale, elle couvre des sujets de société et de politique. Malgré les défis liés à son genre, elle défend avec détermination la place des femmes dans le journalisme. Aujourd’hui, elle ambitionne de créer une plateforme dédiée aux femmes journalistes pour promouvoir l’entraide et l’égalité des chances.


Pouvez-vous vous présenter brièvement ?


Je suis Mame Fatou Faty, journaliste depuis une dizaine d’années. J’ai étudié à l’Institut Supérieur des Sciences de l’Information et de la Communication (ISSIC) à Dakar. Mon parcours a débuté dans la presse écrite et la radio avant de rejoindre la chaîne de télévision Africable TV. Aujourd’hui, je couvre principalement les questions de société et de politique, et j’anime l’émission Questions à débattre, un espace d’échange avec diverses personnalités.
 

Qu’est-ce qui vous a motivée à devenir journaliste ?


Depuis mon plus jeune âge, j’ai toujours été fascinée par l’écriture et l’information. En regardant les journalistes à la télévision, je rêvais de raconter les faits, de dénoncer les injustices et de donner la parole à ceux qui ne l’ont pas. Cette passion m’a naturellement conduite vers le journalisme.


Quels sont les défis majeurs auxquels vous faites face en tant que femme journaliste au Sénégal ?


Être une femme dans ce métier n’est pas sans défis. Il faut constamment prouver sa compétence et sa légitimité, surtout pour accéder à des postes à responsabilité. La sécurité est aussi une préoccupation, particulièrement lorsqu’on couvre des sujets sensibles. Il y a encore un long chemin à parcourir pour une reconnaissance équitable.


Comment gérez-vous la pression et les délais du journalisme tout en maintenant un équilibre personnel ?


L’organisation est essentielle. Je priorise mes tâches et fixe des limites claires pour éviter que le stress du travail ne déborde sur ma vie personnelle. Ce n’est pas toujours facile, mais j’essaie de m’accorder des moments de repos et de qualité avec ma famille.

 

Pensez-vous que les femmes journalistes bénéficient des mêmes opportunités que leurs collègues masculins au Sénégal ?


Sincèrement, non. Les postes de décision dans les médias restent majoritairement occupés par des hommes. Les femmes sont souvent assignées à des sujets dits « doux » comme la culture ou la société, tandis que les hommes dominent les rubriques politiques et économiques. Cela reflète encore une forme d’inégalité.


Avez-vous déjà été victime de discrimination liée à votre genre ? Comment l’avez-vous surmontée ?


Oui, cela m’est arrivé, notamment lors de certaines missions sur le terrain où mes collègues masculins étaient privilégiés. J’ai dû faire preuve de persévérance et insister pour avoir ma place. La clé, c’est la confiance en soi et la détermination à prouver ses compétences.


Quels conseils donneriez-vous aux jeunes femmes souhaitant embrasser une carrière dans le journalisme ?


Je leur dirais de croire en elles et de ne jamais douter de leurs capacités. Le journalisme est un métier exigeant qui demande curiosité, rigueur et passion. Il ne faut pas avoir peur d’imposer sa voix et de défendre ses idées.


Comment conciliez-vous votre travail et votre vie familiale ?
 

Je m’efforce de planifier mes journées et de réserver des moments exclusifs à ma famille. Par exemple, je tiens à ce que les repas du soir soient des instants privilégiés de partage et d’échange. Sauf urgence professionnelle, mes soirées leur sont consacrées.
 

Quelles sont les principales difficultés que vous rencontrez dans cet équilibre ?
 

Le manque de temps reste le plus grand défi. Les horaires irréguliers du journalisme compliquent la gestion familiale, surtout avec de jeunes enfants. Il arrive que je ressente une certaine culpabilité lorsque je rate des événements familiaux importants.


Bénéficiez-vous du soutien de votre entourage et de vos employeurs ?


Heureusement, ma famille me soutient énormément, que ce soit dans la gestion quotidienne ou sur le plan moral. Du côté professionnel, certains employeurs sont compréhensifs, mais ce n’est pas toujours le cas.


Quels sont les moments les plus précieux que vous partagez avec votre famille ?


Les repas du soir sont pour moi des moments sacrés. C’est l’occasion de discuter et de partager nos journées. J’essaie aussi de réserver mes week-ends pour des activités en famille, afin de maintenir ce lien fort malgré mon emploi du temps chargé.


Avez-vous instauré des rituels pour renforcer la communication familiale ?


Oui, nous avons mis en place un rituel hebdomadaire où chacun exprime librement ses ressentis et ses préoccupations. Je m’efforce également d’être présente lors des événements importants comme les anniversaires ou les fêtes familiales.
 

Comment percevez-vous l’avenir du journalisme pour les femmes au Sénégal ?
 

Je suis optimiste. De plus en plus de femmes accèdent à des postes clés et font entendre leur voix. Même si le chemin est encore long, les mentalités évoluent, et je crois fermement que les choses iront dans le bon sens.
 

Que faudrait-il changer pour améliorer les conditions des femmes journalistes ?
 

Il est crucial de mettre en place des politiques favorisant l’égalité des chances, d’offrir des formations spécifiques et de renforcer la protection contre le harcèlement et les violences dans le métier.
 

Quels sont vos projets personnels et professionnels ?

J’ambitionne de lancer une plateforme dédiée aux femmes dans le journalisme, un espace où elles pourront partager leurs expériences et bénéficier de mentorat. Sur le plan personnel, je continue de chercher le juste équilibre entre ma passion et ma vie de famille.

www.echodefem.com

 
 

Le Redacteur