«Il va falloir prendre à bras le corps ce problème qui a trop duré et dégager des pistes de réflexion pour des solutions définitives. Il y a le problème de surpeuplement qui porte atteinte aux droits humains des prisonniers qui, avant tout, sont des êtres humains. La prison a pour rôle de socialiser l’individu. Elle favorise la réinsertion. Mais, aujourd’hui, elle ne joue plus ce rôle. Il y a une automaticité de déposer les gens en prison», a regreté le juriste Mounirou sy, directeur du Bsda qui se confie dans un entretien à Lobservateur où il revient sur la mutinerie meurtrière de mardi dernier, à la Maison d’arrêt de Rebeuss.
Mounirou Sy de prodiguer quelques conseils pour désengorger les prisons sénégalaises. Ce qui passe, selon lui, par une révision du système de la garde à vue au Sénégal. «En dépit des grâces prononcées à l’occasion des fêtes religieuses et de nouvel an, le nombre de prisonniers augmente, constate-t-il. «C’est impressionnant que depuis quelque temps, le nombre de personnes augmente dans les prisons. Rien qu’au 3 avril 2016, le Président Macky Sall a gracié 586 personnes condamnées pour diverses infractions. En juillet 2016 (Korité), il a aussi gracié 600 autres prisonniers. Le 9 septembre 2016 (Tabaski), le Président a accordé à 498 détenus la grâce. Ça tourne autour de 1684 condamnés graciés. En moyenne, 1500 détenus sont graciés, par an», rappelle Mounirou Sy dans les colonnes du journal.
Le juriste de faire le bilan de ces grâces présidentielles. «En quatre ans, le Président Sall a gracié plus de 6 000 personnes. Malgré tout, les prisons et les maisons d’arrêt sont toujours remplies. Il faut aller dans la rapidité du traitement des dossiers et éviter les mandats de dépôt systématiques, suggère-t-il.
«J’ai entendu le procureur de la République dire que les mandats de dépôt ne sont pas systématiques. S’ils ne le sont pas, ils sont automatiques», reconnait Mounirou Sy.