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Pourquoi le Conseil National du Saemaul Undong devrait inspirer le Haut Conseil du Dialogue des Territoire

Lundi 13 Juin 2016

Introduction 

Le Président de la République envisage, dans le cadre de mieux impliquer les territoires dans le développement national, la mise en place du Haut Conseil des Collectivités Territoriales. Le HCCT est un organe qui donne  «un avis sur toute politique relative à la décentralisation et au développement territorial». Plus spécifiquement, le HCCT «concourt à la concertation et au dialogue entre l’Etat et les collectivités territoriales», à la promotion du «développement de bonnes pratiques dans la gestion des collectivités territoriales», à l’étude de «moyens à mettre en œuvre pour promouvoir le développement des collectivités territoriales et le bon fonctionnement de leurs organes». Mieux, il est attendu de cet organe le développement des «solidarités territoriales».

Ainsi décrit, le HCCT ressemble à bien des égards au Conseil National du Saemaul Undong qui fut l’organe central de mise en œuvre de ce qui est convenu le miracle de la rivière Han.
Dès lors, il convient de se demander comment mettre en place le HCCT de sorte qu’il puisse amener un dialogue véritable des territoires dans une situation de cadre harmonisé des actions socio-économique de l’Etat ? Comment doit être composé le HCCT de sorte qu’il puisse bien jouer son rôle de structure tampons entre l’Etat et les Collectivités territoriales dans le cadre de la mise en œuvre des politiques publiques ? En quoi le Conseil National du Saemaul Undong peut-il inspirer le HCCT afin que comme en Corée du Sud durant les années 1970 nous puissions irréversiblement enclencher notre émergence ?
Toutefois, avant de répondre à ces interrogations, je souhaite faire un petit rappel sur le Sénégal et son organisation administrative ainsi que sa décentralisation.
  1. Organisation administrative du Sénégal
Le Sénégal est organisé en quatorze régions dont les chefs-lieux sont les principales villes : Dakar, Diourbel, Fatick, Kaffrine, Kédougou, Kaolack, Kolda, Louga, Matam, Saint Louis, Sédhiou, Tambacounda, Thiès, Ziguinchor. (www.gouv.sn ). Chacune des régions a trois départements à l’exception de Dakar, Kaffrine, Tambacounda qui en ont chacune quatre. Les quarante-cinq départements du Sénégal sont divisés en 117 arrondissements.  Depuis 2013, toutes les communautés rurales sont devenues des Communes avec la mise en œuvre de l’acte III de la décentralisation. Le village reste dernière entité du pays.
 « Héritier d’une longue tradition de décentralisation, le Sénégal a toujours poursuivi cette politique après son accession à la souveraineté internationale selon des schémas variés tenant compte de la géopolitique nationale du moment et aux aspirations profondes des populations à beaucoup plus de participation à la gestion de leur localité. » ( USAID, (2004) : introduction à la Décentralisation au Sénégal, 23 p. »
En 1872, la colonie du Sénégal a connu ses premières communes que sont Gorée et de Saint Louis puis Dakar et Rufisque où naissaient des citoyens français. Ce sont les communes de plein exercice.
Dès son indépendance en 1960, le statut de commune de plein exercice est étendu au 29 communes qui existaient.
De 1966 puis en 1972 et 1996 des textes législatifs ont été prises pour affiner la gestion décentralisée des territoires.
En 2013 : Loi n° 2013-10 du 28 décembre 2013 portant Code général des Collectivités locales a procéder à la :
  • Suppression de la région collectivité locale ;
  • Erection du département en collectivités locales ;
  • Communalisation intégrale par l’érection des communautés rurales et des communes d’arrondissement en communes ;
  • Création de la ville en vue de mutualiser les compétences des communes la constituant ;
  • répartition des neuf domaines de compétences jusqu’ici transférées entre les deux ordres de collectivités locales que sont le département et la commune.
 
L’objectif de tout ce processus est sans nul doute une meilleure cohérence dans la mise en œuvre des actions de l’Etat et des collectivités locales au service des populations. La loi n° 2013-10 dans  ajoute dans l’exposé de ses motifs qu’il s’agit d’ « organiser le Sénégal en territoires viables, compétitifs et porteurs de développement durable ». Ce vœu des autorités peut expliquer par la mise en place du HCCT qui sera le cadre idéal pour une action concertée à l’image du Conseil National du Saemaul Undong.
 
  1. Le Conseil National du Saemaul Undong
« Saemaul » est formé par Sae, signifiant nouveau ou  ‘renouvellement progressif basé sur les expériences du passé et de Maul, qui se réfère au Village ou à la communautés régionale et sociale. Undong peut être défini comme mouvement. Ainsi défini, le Saemaul Undong plus connu comme le modèle Sud-coréen de développement local qui a permis au pays d’éteindre en moins 50 ans de sortir du lot des pays pauvres receveurs d’aide pour être membre des Etats donateurs.
 Ce mouvement est principalement adossé à trois principales esprits ou valeurs fortes que sont :
  • La Diligence, qui est le résultat de l'activation d’une volonté et implique la réalisation d’efforts pour tirer le maximum de ce qui est disponible. Elle conduit à la sincérité, une valeur qui ne permet pas de fausseté, l'hypocrisie, la vanité, ou l'indulgence dans le luxe. Ainsi, une société dont les membres travaillent sincèrement dur peut avoir une communauté ou règne la confiance et la justice sociale, et sans corruption ou d'irrégularités.
  • Sur le plan individuel, la volonté de définir indépendamment son destin sur la base des efforts personnels se manifeste dans l'esprit de l'auto-assistance (Self-help), au sens figuré, illustré dans le proverbe consacrée " le ciel aide ceux qui s’aident. Celui qui peut s'aider et est diligent peut fonctionner activement et de manière autonome par la pensée créative et un jugement indépendant. " Toutefois, la Diligence et l'auto-assistance sont des conditions nécessaires mais non suffisantes à la vie.
  • La Coopération est nécessaire pour maximiser les résultats de la diligence et de l'auto-assistance. La réalisation réussie de la coopération ne donne pas seulement lieu à une tradition d’entraide, mais aide également les membres individuels de la société pour améliorer leur vie par la promotion de la concurrence et le désir de participer.
Ces trois valeurs fondamentales sont explicitées par le Président Park Chung HEE dans un écrit en ces termes : « le Saemaul Undong est une campagne pour une vie meilleure (où) les voisins partagent amitié et s’entraide et un bon et joli village où il fait bon vivre est créer.)
Pour réussir ce pari, une organisation nationale avec ses démembrements dans  tous les territoires de la Corée a été mise en place plus connu sous le nom de Conseil National du Saemaul Undong.
Sous la tutelle du Ministère de l’Intérieur, le Conseil National du Saemaul Undong jouait le rôle d’inter agence de coordination de la politique de développement local : le Saemaul Undong.
 

 


Comme le démontre le tableau qui précède, à chaque niveau du découpage administratif, il y a une entité chargé de coordonner l’action combinée du plan national et des politiques locales de mise en œuvre. Ces entité constituerons des instances de recueil, d’orientation/accompagnement et de suivi-évaluation des actions à mener pour l’atteinte des objectifs nationaux de développement, contenus pour le Sénégal dans le PSE.
« Au niveau du gouvernement central, le ministère de l'Intérieur contrôle les démembrements locales du Conseil National du Saemaul Undong. En 1971, un poste de directeur Saemaul a été créé sous le directeur général du bureau administratif local du ministère de l'Intérieur. Cela a permis la création de divisions Saemaul à chaque niveau des organismes administratifs locaux. Le nouveau Bureau du Directeur Saemaul, sous le directeur général du bureau administratif local du ministère de l'Intérieur, avait la responsabilité globale du Saemaul Undong. En bref, l'administration du mouvement SU par le gouvernement a d'abord été centralisée au sein du ministère de l'Intérieur.
 
 Les chefs des divisions et sections du Conseil National du Saemaul Undong ont été recrutés dans le corps d'élite des fonctionnaires au sein des ministères concernés. Ces arrangements ont permis une bonne coordination, non seulement entre les ministères, mais aussi entre les organismes gouvernementaux et les organisations publiques telles que la Fédération nationale des coopératives agricoles et la Fédération nationale de la pêche.  The Saemaul Undong movement in the Republic of Korea: Sharing knowledge on community-driven development (2012) pp09-11) »
“Pour lutter efficacement contre la multi dimensionnalité de la pauvreté et de livrer le paquet global de plan de développement en collaboration avec les villageois, le Gouvernement de la République de Corée a conçu une approche distincte de la coordination horizontale.

Le gouvernement a délégué l'autorité de coordination au ministère de l'Intérieur, en vertu de laquelle tous les ministères concernés ont été mobilisés. Un comité, présidé par le ministre de l'Intérieur, a été formé au sein du gouvernement central et les ministères et les organisations compétentes discuté et coordonné leurs plans sous la direction du ministère de l'Intérieur. Dans chaque niveau du gouvernement local, un comité spécial de coordination a également été créé. Les plans de développement complets pour chaque village ont été gérés par le service compétent congru à leur travail et canalisées jusqu'aux ministères concernés au sein du gouvernement central, qui couvre efficacement toutes les questions concernées. Sooyoung Park (2009): Analysis of Saemaul Uundong: a Korean Rural Development Programme in the 1970s”
 
  1. L’exemple du Saemaul comme modèle du Haut Conseil des Collectivités Territoriales.
Comme nous venons de le présenter ci-haut le Saemaul Undong était piloté par un organe de coordination qui recueillait l’orientation de l’Etat en matière de développement intégral du pays qui se résumait en trois axes principaux que sont :
  • Le développement mental pour aboutir à un nouveau type de sud-coréen ;
  • L’amélioration de l’environnement et des conditions de vie ;
  • L’accroissement des revenus.
Au Sénégal, le PSE n’est pas très différent de l’orientation du Saemaul Undong. Donc le schéma de son opérationnalisation doit être porté par le HCCT.   Le HCCT sera ainsi composé d’Elus Locaux choisis parmi leurs pairs avec deux critères :
  • Etre un acteur reconnu dans le développement socioéconomique du territoire ;
  • Résider dans le territoire.
Les autres membres du HCCT devraient être les Secrétaire généraux des ministères qui auront comme principale mission de partager les orientations de leurs départements et d’en assurer le suivi et l’évaluation au sein du HCCT.
La troisième catégorie de membres du HCCT serait les experts choisis selon leurs technicités dans leurs domaines. Ces experts seront chargés d’accompagner les Collectivités territoriales dans l’élaboration et la mise en œuvre de leur plan d’action qui doivent concourir à l’atteinte des objectifs du PSE. 
Au niveau des régions, des départements et des arrondissements, au tour des autorités administratives seront réactivités les Comité de développement qui seront des structures d’accompagnement et suivi évaluation des plans d’actions des Collectivités territoriales.

Conclusion
En mettant en place le HCCT, l’autorité ne vise qu’à améliorer la participation des collectivités locales dans l’effort de développement socioéconomique. Cette volonté, en s’inspirant du modèle de gestion du Saemaul Undong sud-coréen, le HCCT va contribuer à mettre en cohésion la politique nationale de développement socioéconomique et les politiques locales. 

Samba GAYE
Inspecteur de l’Education populaire de la Jeunesse et des Sports
Master degree in Saemaul Undong and Community development
Conseiller Technique N°2 du Ministre de la Jeunesse,
de l’Emploi et de la Construction citoyenne

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