Retrait des USA de l'accord de Paris: Tout ça pour ça

Samedi 3 Juin 2017

Depuis plus d'un demi-siècle, la communauté internationale s'efforce de combiner les efforts de ses membres afin de freiner la détérioration des équilibres naturels qui, en persistant, risque de compromettre les ressources de la planète dont dépend notre avenir commun ("Our common future", rapport Brundtland, 1987).
Après l'alerte donnée en 1972 par le rapport Meadows publié par le Club de Rome quant aux menaces que faisait planer sur l'environnement global la poursuite de la croissance exponentielle de la production, il y a eu un début de préoccupation collective pour les défis environnementaux au-delà du cercle restreint des idéologues de l'écologie. Cette dynamique fut à l'origine du premier sommet de la Terre à Stockholm en 1972, du rapport Brundtland en 1987, du deuxième sommet de la Terre à Rio en 1992, du protocole de Kyoto en 1997, du sommet sur le développement durable de Johannesburg en 2002, du sommet de Bali sur le climat en 2007 et du sommet de Paris de 2015 marqué par un large consensus compris partout comme le sursaut lucide pour parer aux urgences liées au changement climatique.
En sortant de cet accord depuis hier, les USA usent certes d'un droit souverain comme l'a fait remarquer le Président français. Mais les regrets suscités par cette décision arrêtée pour des raisons économiques provoquent une frustration chez ceux qui placent les enjeux environnementaux et l'avenir de l'humanité entière bien au-dessus des objectifs de taux de croissance du PIB, des programmes de sauvetage de l'emploi ou tout simplement du droit inaliénable pour chaque pays de fixer à sa guise le niveau de sa production de carbone dans les limites de son territoire national. De plus en plus on se représente l'environnement comme un bien commun. Non pas seulement au sens juridique, mais surtout dans une perspective éthique voire religieuse, plaidant pour la bonne volonté et l'amour en vue de l'épanouissement de chacun et de tous comme celle qu'un Saint Thomas d'Aquin (XIIIe siècle) attribuait à ce concept.
Les hommes de bonne volonté, persuadés de la nécessité d'une solidarité agissante pour rendre dans le meilleur état possible aux générations futures la planète bleue - la seule habitable dans le Voie lactée - estiment qu' America first aurait dû être le slogan d'un leadership étatsunien dans ce devoir de transmission générationnelle.


Par Lat Soucabé Mbow  
professeur agrégé de géographie .

Le Redacteur