A peine le jugement prononcé, l’opposant Alexeï Navalny a déclaré ne pas le reconnaître, et être bien décidé à poursuivre sa campagne électorale. Pour lui ce verdict, qui reprend les mêmes termes que celui prononcé dans la même affaire en juillet 2013, est un « télégramme direct » du Kremlin. « D’après la Constitution, je peux me présenter ! », a-t-il ajouté, pour justifier sa prise de position.
Car au-delà de la condamnation, tout l’enjeu de ce procès est de savoir si l’opposant reste éligible ou non. D’après la législation électorale, un citoyen russe condamné pour un « crime grave » est inéligible, qu’il soit condamné avec ou sans sursis. Mais selon la Constitution russe, seuls ceux qui sont en prison ne peuvent pas se présenter à une élection. Pour Navalny, il existe donc une contradiction entre les deux textes et c’est la Constitution qui doit primer. Il faut aussi que la condamnation soit entrée en vigueur.
En septembre 2013, il s’était présenté à l’élection municipale à Moscou, alors même qu’il venait d’être condamné dans la même affaire. Mais la peine n’était pas encore entrée en vigueur. La question de son éligibilité a été posée à la commission électorale qui a refusé de se prononcer. Cette condamnation ressemble bien à une épée de Damoclès dans une affaire éminemment politique.